Question au Ministre Borsus

Monsieur le Ministre, nous avions déjà eu l’occasion d’échanger sur un sujet similaire, mais plus spécifique à deux ou trois contrats de la Défense et à des entreprises wallonnes, en l’occurrence la FN Herstal et John Cockerill. Ici, le Gouvernement fédéral vient d’adopter une trajectoire d’investissements conséquente pour la Défense. La ministre Dedonder a annoncé sa volonté de travailler désormais en amont pour que les entreprises belges participent dès le départ au développement de projets, et plus uniquement via les marchés publics en fin de circuit.
Concrètement, une stratégie commune a-t-elle été adoptée ou est-elle en voie d’élaboration entre l’État fédéral, les Régions afin d’associer nos entreprises ? La Wallonie est bien connue pour son industrie de l’armement ; il est plus qu’utile à la fois pour le respect des droits humains, pour la stabilité géopolitique, mais aussi pour notre économie et pour l’emploi que cette industrie ait accès à des marchés srs comme ceux de la Défense de notre pays. Vous aviez mentionné une réunion entre notamment votre cabinet, ceux de la ministre, ainsi que des représentants d’autres ministres.
Des premiers jalons de cette stratégie ont-ils été adoptés à l’occasion de cette réunion ? Sur le sujet spécifique de la capacité cyber, de la guerre numérique, qui va également monter en puissance dans les années qui viennent. La ministre a l’ambition d’en faire une cinquième composante de l’armée à part entière d’ici la fin de la législature. Notre Région doit suivre attentivement ces développements, qui permettront de renforcer aussi le secteur numérique dans son ensemble en tant que secteur économique. À cet égard, des représentants de l’Agence du numérique et de Digital Wallonia ont été auditionnés ce
jeudi 3 février et ils indiquent que ce n’est pas toujours surnom de la « grande muette ». Avez-vous travaillé à un partenariat potentiel entre l’armée belge et certains programmes ou entreprises wallonnes dans ce secteur du numérique ?

Réponse du Ministre

Monsieur le Député, votre question fait référence au plan STAR, adopté le 28 janvier dernier par le Conseil des ministres du Gouvernement fédéral. Ce plan reflète l’actualisation de la vision stratégique de la Défense et en trace les grands axes. Essentiellement l’accroissement du budget de la Défense jusqu’à atteindre 1,54 % du PIB en 2030, et à l’intérieur de ce budget, 10,2 milliards d’investissements capacitaires. La volonté de s’inscrire davantage dans l’Europe de la Défense, la recherche de partenariats européens et l’approche triple hélice, c’est à dire combinant les efforts de la Défense, de l’industrie et des institutions de recherche doivent également retenir toute notre attention.
Le plan STAR n’est pas un programme d’investissements, c’est la loi de programmation militaire qui détaillera les acquisitions envisagées. Il est vrai qu’il a été fait état dans la presse de l’achat de
nouveaux hélicoptères lourds et légers, mais à ce stade rien n’a été décidé suivant mes informations. Il est donc au moins provisoirement prématuré de déterminer la nature et la mesure de possibles retours pour les industriels mme si la plus grande attention s’impose, comme vous le soulignez.
Dans le contexte favorable du plan STAR, je m’emploie à veiller à ce que les entreprises wallonnes du secteur soient en capacité d’tre parties prenantes aux programmes d’investissements, et ce le moment venu. Cela passe notamment par des collaborations avec la Défense, qui ne sont pas toujours évidentes, mais avec des volontés de pouvoir en matière de recherche et développement concrétiser ces collaborations. Déjàaujourd’hui, elles se matérialisent surtout par deux canaux d’une part à travers les programmes F35 et MCM-V, la soumission par les entreprises de projets auprès du Fonds européen de Défense.
En outre, tout récemment, les premiers contacts ont été pris dans le cadre de la DIRS, Defence lndustry Strategy Research, par les autorités fédérales avec mon cabinet et différents acteurs wallons du secteur public,mais aussi différents acteurs privés. Ce dernier point mérite d’tre souligné, parce qu’il signifie que la Wallonie sera associée, au travers de ces différents acteurs en amont comme vous l’évoquez, à l’élaboration de la stratégie de recherche Défense- industrie, dans laquelle l’aspect cybersécurité représente très certainement un chapitre essentiel, dont les axes seront déterminés dans le cours de ces travaux. Dans les axes au niveau fédéral et vous connaissez l’initiative que nous avons prise en ce qui concerne la cyber au niveau wallon. Une des conditions de collaboration fructueuse avec la Défense, a fortiori lorsqu’il s’agit de mettre au point une stratégie commune, est évidemment que le secteur de la défense wallon ait lui-mme sa propre ligne stratégique, ses objectifs stratégiques. Aussi ai-je chargé les ples de compétitivité concernés, c’est-à-dire MecaTech et Skywin de proposer une roadmap technologique et stratégique pour le secteur. Il est important d’avoir une vision pour le secteur, de l’alimenter sur des orientations belges et européennes, mais d’avoir au fil du temps une roadmap, ft-elle à adapter le cas échéant, mais qui soit concertée et stratégiquement définie pour le secteur. Par ailleurs, vous l’évoquez dans votre question, la rencontre que j’annonçais a effectivement eu lieu entre mon cabinet, le cabinet du ministre-président et de la ministre de l’Emploi et les cabinets fédéraux du ministre de l’Économie et de la ministre de la Défense, quelques jours après les annonces relatives au contrat d’assemblage CAMO. Cette réunion fut notamment l’occasion de réitérer nos préoccupations quant aux retombées économiques des différents programmes d’investissements sur notre territoire et notamment de celui-là.
Les contacts se poursuivront en ce sens au cours des prochaines semaines. Nous restons très attentifs, de manière à ce que puissent se concrétiser ces éléments de retombée que j’évoque dans le contexte de ma réponse. Je vous remercie. C’est un sujet très important et je n’oublie pas l’élément diversification qui est aussi partie intégrante de l’ensemble de cette stratégie.

Réplique

Monsieur le Ministre, je vous remercie pour ces différents éléments de réponse.
On voit qu’il n’y a pas encore énormément d’éléments concrets par rapport à la stratégie de développement de la Défense au niveau fédéral. On aura l’occasion d’y revenir dans les mois qui viennent.
Cette roadmap que vous avez évoqué relative à la composante cyber dans le secteur de la Défense en Wallonie offre des perspectives très intéressantes. Je pense que, mme dans ce cadre-là, on doit aussi tre attentif dans ce secteur, en tout cas dans cette composante numérique, aux enjeux géopolitiques et aux enjeux de droit humain dans les développements que l’on envisage et dans les partenariats et au-delà des partenariats, les clients potentiels que cela pourrait toucher à l’avenir. Je ne doute pas que c’est bien votre cas.