Question orale au Ministre Dolimont
Monsieur le Ministre, comme vous le savez, plusieurs milliers de riverains ont participé à l’enquête publique sur le permis de l’aéroport de Liège, dénonçant, pour certains d’entre eux, le non-respect de certaines normes, des manquements dans l’enquête publique, plus précisément dans l’étude d’incidences, et une opposition au développement envisagé. À la suite de l’enquête publique, plusieurs communes et d’autres organes consultatifs ont également remis des avis plutôt critiques sur la demande de permis et sur l’étude d’incidences, y compris des associations ou des municipalités étrangères, hollandaises ou allemandes. Parmi les communes wallonnes, la Ville de Liège, qui est tout de même la deuxième ville de la Région et sa première métropole, s’est notamment prononcée. Il y a quelques jours, un organe d’avis important et transversal, le Conseil économique, social et environnemental de Wallonie, a fait connaître son analyse du dossier. Il estime, lui aussi, que les activités actuelles peuvent continuer à condition de réduire les impacts sur le voisinage, mais que les conditions ne sont pas réunies à ce stade pour approuver le développement prévu par le masterplan de l’aéroport. Je me tourne donc vers vous aujourd’hui, Monsieur le Ministre, pour savoir comment vous analysez ces éléments. Avez-vous, d’ores et déjà, pris une action en coordination avec la SOWAER afin d’envisager, avec la société de gestion, de revoir sa copie potentiellement à la baisse ?
Réponse du Ministre Dolimont
Monsieur le Député, comme je l’ai exposé lors de notre dernière commission, l’enquête publique s’est clôturée le 21 avril pour les citoyens des communes désignées par les fonctionnaires technique et délégué. Les communes et autorités auprès desquelles les fonctionnaires technique et délégué ont sollicité un avis doivent transmettre ces derniers auxdits fonctionnaires pour le 21 mai. Ni l’aéroport de Liège, ni la SOWAER, ni moi- même n’avons connaissance de la teneur de ces réactions. Ce sont bien les fonctionnaires technique et délégué en charge de l’instruction de la demande de permis qui recevront ces remarques et commentaires. Si certaines autorités ou certains collectifs de riverains font publicité de leur avis dans la presse, il ne m’appartient pas de me prononcer sur ceux-ci. Pour rappel, la procédure relative à un permis d’environnement est strictement réglementée par des décrets et arrêtés régionaux. Le bureau Aries, auteur de l’étude d’incidences, désigné à l’issue d’une procédure de marché public, dispose de l’agrément nécessaire, délivré par la Région, pour effectuer ce type d’étude. Ce bureau a réalisé celle-ci en examinant tous les points requis par la réglementation et en prenant en compte les hypothèses formulées dans le masterplan de Liege Airport à l’horizon 2040. L’étude a été réalisée avec pour hypothèse centrale une vision maximaliste du développement envisagé, dans le respect du plan de développement à long terme, du plan de secteur et de ses prescriptions. Liege Airport s’est voulu transparent à cet égard afin d’éviter des critiques qui ont pu lui être adressées par le passé. La demande de permis ne porte ainsi pas sur une approbation du masterplan de l’aéroport adopté par son conseil d’administration. Il s’agit d’une demande de permis unique regroupant le renouvellement du permis d’environnement et une demande de permis d’urbanisme pour la régularisation urbanistique du parc à conteneurs. Les autres points abordés dans l’étude d’incidences, comme l’allongement de la piste de contingence, le comblement de la sablière de Fontaine ou encore la construction d’un immeuble de bureaux, ne font pas l’objet de la demande de permis en cours. Ces projets, abordés dans l’étude d’incidences sur l’environnement, pour donner une vision complète, feront l’objet de demandes de permis ultérieurs. Ceux-ci seront sollicités au fur et à mesure du développement de Liege Airport et conformément à la législation. Pour rappel, les fonctionnaires technique et délégué, dépendant respectivement des ministres de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, ont déclaré le dossier déposé par Liege Airport complet et recevable le 10 mars dernier. La décision des fonctionnaires technique et délégué sur la demande de permis est attendue pour fin juillet ou fin août selon qu’ils décideront de prolonger ou non le délai d’instruction du dossier. En tant qu’instance consultative, le CESE Wallonie a publié deux avis concernant la demande de permis de Liege Airport. Ces avis sont favorables. Les autorités compétentes en analyseront le contenu, et je ne doute pas qu’elles en auront une lecture objective.
Réplique
J’entends que vous vous inscrivez, Monsieur le Ministre, dans le cadre des procédures et règles existantes. C’est normal et indispensable. Cela étant, il me semble aussi que, sur le plan politique, il est possible de prendre en compte les avis qui ont été exprimés dans la presse, mais aussi ce qui est public, à savoir ces avis du CESE qui, même s’ils sont globalement favorables, reprennent une série de préoccupations, de critiques et d’éléments à prendre en compte dans l’avenir du développement de l’aéroport. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, personne ne souhaite la fermeture de cet outil économique important, mais il doit organiser ses activités en harmonie avec son bassin de vie, et ce, avant tout pour sa propre pérennité. Des signaux très clairs s’accumulent pour indiquer que ce plan de développement maximaliste – pour reprendre un mot que vous avez utilisé –, qui vise à doubler le tonnage d’ici 2040, ne peut plus être considéré comme tenable, à la fois par rapport aux plaintes des riverains, mais aussi par rapport aux enjeux climatiques que vous connaissez ou encore par rapport à la situation de congestion des autoroutes autour de l’aéroport.
Je vous remercie.