Question d’actualité au Ministre Borsus

Monsieur le Ministre, nous n’avons pas encore d’élu de la région du Centre, mais ce sera pour la prochaine fois.

(Réactions dans l’assemblée)

En tant que parlementaire de référence sur les dossiers économiques, c’est donc moi qui prends la parole en ce qui concerne l’annonce de la société ABEE d’une gigafactory – en bon français, d’une giga-usine – de batteries envisagée à Seneffe pour une production annuelle à partir de 2025 de 3 gigawattheures et de batteries qui seraient produites de façon innovante, sans nickel ni cobalt, et qui seraient potentiellement une avancée en termes d’utilisation des ressources.

Je me tourne vers vous aujourd’hui pour voir si vous confirmez cette marque d’intérêt et l’existence de ce projet dans les différentes dimensions qui ont été évoquées. Quelle en est votre analyse ? La Région le soutient-elle, d’une manière ou d’une autre, via notamment les outils économiques ?

De quelle manière ce projet pourrait-il s’inscrire dans la stratégie d’économie circulaire de la Région, que nous appelons de nos vœux et que nous soutenons ?

N’oublions pas les impacts environnementaux potentiels d’un tel projet. Même si globalement c’est une bonne chose d’aller vers une électrification du parc de véhicules, un projet de cette ampleur peut aussi avoir des impacts environnementaux au niveau local qu’il faut prendre en compte.

M. le Président. – La parole est à M. le Ministre Borsus.

M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences. – Madame et Messieurs les Députés, je ne suis pas de Seneffe, mais je l’apprécie aussi et je me réjouis globalement de l’annonce qui a été faite, mais surtout des efforts qui ont été déployés pour à la fois permettre cette annonce et ultérieurement le développement de ce projet.

On se situe tout d’abord au cœur des priorités, qu’elles soient européennes, internationales, belges ou wallonnes. Jugez-en plutôt puisqu’il est crucial de pouvoir ramener chez nous un certain nombre de capacités stratégiques de production ; ici, en l’espèce, de batteries.

L’Europe a annoncé, pas plus tard qu’il y a quelques jours, son choix d’interdire la commercialisation, moyennant un certain nombre de conditions et sous réserve d’exception, d’ici 2035, des véhicules à moteur thermique.

Nous avons, que ce soit au niveau européen ou au niveau wallon, une stratégie très offensive sur l’économie circulaire qui s’est traduite par un plan adopté dès le mois de février 2021 par le Gouvernement.

Nous sommes au croisement de tout cela, et j’y ajoute un élément extrêmement important d’innovation et de recherche.

Dans le contexte des travaux menés par la branche belge d’Avesta, du groupe ABEE, les différents contacts ont été menés avec l’AWEx, les intercommunales de développement économique, notre administration et mon département. J’ai moi-même eu l’occasion de rencontrer le professeur Omar au cabinet et de suivre ce dossier de très près.

C’est un dossier d’ampleur : 3 gigawattheures annuels de production, plusieurs centaines d’emplois en perspective, trois phases de développement potentiel de l’activité industrielle dans un marché très compétitif. Vous qui suivez l’actualité économique, vous voyez d’autres annonces en ce qui concerne les productions de batterie et d’autres projets qui touchent de près ou de loin à cette ambition.

Dans ce contexte très concurrentiel, soulignons que ce projet est spécifique, puisqu’il met l’accent précisément sur le recyclage d’un certain nombre de matériaux nécessaires à la production de batteries, en ce compris le recyclage de batteries elles-mêmes, puisque les promoteurs du projet considèrent que de l’ordre de 60 à 70 % environ, au moins des matériaux nécessaires à la production de batteries seraient le fruit de filières, en ce compris de filières de revalorisation et de recyclage. C’est particulièrement intéressant, vous en conviendrez.

M. le Député Bierin a évoqué aussi la dimension environnementale. Elle est très présente dans le projet, puisqu’il se concentre plutôt sur principalement le lithium, le fer, le phosphate comme matériaux à mettre en œuvre, même si cette liste n’est pas exhaustive.

Où en sommes-nous ? Les contacts ont été pris avec différents lieux, avec différentes intercommunales susceptibles d’accueillir ce type de projets. Il faut de la surface, une localisation qui le permette, l’accès à différentes modalités de transport adéquates pour ce type de développement, d’où le fait que, même si ce n’est pas bouclé au moment où on se parle, le choix s’est porté à titre préférentiel sur Manage, et devrait faire l’objet d’un certain nombre de contractualisations dans les semaines à venir.

Le Gouvernement lui-même, compte tenu de la considérable ampleur stratégique de ce dossier, a été saisi par mes soins d’une demande d’expression, si je puis dire, de lettre d’intention, de lettre de confort, comme on indique qui « traduit » le soutien de principe du Gouvernement à cette activité et à son déploiement.

De concert avec le ministre-président, la ministre de l’Emploi et le ministre de l’Énergie, nous avons adhéré à cette lettre de soutien de principe par rapport au développement. C’est le moins.

Des outils financiers classiques tels qu’on les connaît en ce qui concerne le développement socioéconomique, notamment en région du centre, pourront être activés. Par ailleurs, nous sommes attentifs et on travaille avec nos outils financiers, amis aussi avec d’autres partenaires pour la structuration des besoins, par exemple en capital et en financement de cet investissement.

Quand un dossier de cette ampleur est communiqué, il convient de s’en réjouir, il convient surtout de continuer à se mobiliser pour en faire une réalité. Il convient de rester extrêmement vigilant, pour répondre aux différents défis qui restent devant nous et aux différentes étapes qu’il convient encore de franchir, que ce soit en termes techniques, technologiques, de recherche, de mise en œuvre du fruit de la recherche et de l’innovation, de permis de construction et de marché.

Les timings à cet égard sont relativement courts, puisque c’est dès l’année prochaine que ces procédures devraient être entamées, avec une mise en œuvre des premières étapes dès l’année 2024.

C’est ce que je peux vous communiquer en toute transparence. Je sais que je ne dois pas vous y inviter, mais n’hésitez pas à me revenir ultérieurement si vous le souhaitez, non seulement pour m’exprimer à nouveau tout votre attachement par rapport à ce type de projet en Région wallonne, par rapport à certaines des entités communales de la Région wallonne, mais aussi pour collectivement soutenir un dossier d’importance.

Il y a des dossiers qui créent des difficultés, nous le savons, mais il y a aussi des dossiers que l’on doit marquer. C’est la première giga-usine de ce type en Benelux. Convenons que ce n’est pas rien comme annonce ni comme projet.