Question orale au Ministre Dolimont

M. Bierin (Ecolo). – Monsieur le Ministre, fin décembre, le groupe américain FedEx, une multinationale importante, a annoncé de nouvelles économies pour faire face à la chute de son bénéfice opérationnel de la branche FedEx Express qui regroupe le fret aérien. Il s’agit d’économies très conséquentes, de plus de 1 milliard de dollars qui, additionnées aux économies déjà annoncées en septembre 2022, portent le total à 3,7 milliards de dollars d’économies prévus en 2023, aussi bien sur le transport aérien que sur les opérations au sol.

L’entreprise envisage notamment une réorganisation de son maillage qui aura pour conséquences l’immobilisation de nombreux appareils « pour tenir compte de plus faibles volumes transportés ».

D’après des informations internes à FedEx Liège – on sait que c’est un des principaux, voire le premier opérateur actif à Bierset – et relayées sur le site d’un mouvement de gauche appelé « Rupture et renouveau », FedEx envisagerait de réduire le nombre d’avions utilisé à Liège de 17 à 12 à partir du mois de février de cette année.

Avez-vous contacté l’entreprise afin d’avoir des informations plus précises à ce sujet ?

Le groupe américain concerné étant un des plus gros employeurs sur le site de Liege Airport, quelles seront les conséquences pour le site liégeois et les travailleurs ?

Quelles actions avez-vous entreprises afin de protéger ces travailleurs ?

M. le Président. – La parole est à M. le Ministre Dolimont.

M. Dolimont, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives. – Monsieur le Député, si je peux vous rassurer sur base des informations dont la presse s’est fait écho, Liege Airport m’indique que le plan d’économie décidé par FedEx ne devrait pas, à sa connaissance, avoir un impact sur l’emploi à l’aéroport de Liège.

Liege Airport me précise cependant qu’il est clair que si le nombre de colis à transporter devait diminuer, le nombre de vols serait très certainement impacté. FedEx n’a pas non plus montré de signe de désintérêt vis-à-vis de l’aéroport.

Vous me questionnez au sujet de l’emploi sur la zone de l’aéroport. Je ne voudrais pas terminer ma réponse sans exprimer une nouvelle fois mes plus grandes craintes quant au péril qui court sur les milliers d’emplois en lien avec l’aéroport.

À ce jour, le risque le plus important pour l’emploi est en lien avec le permis unique octroyé en première instance à Liege Airport le 26 août 2022, et pour lequel l’aéroport ainsi que la grande majorité des sociétés actives sur la zone, dont FedEx, ont introduit un recours.

Si le permis d’août dernier devait être maintenu en l’état, il aurait un impact significatif sur l’emploi avec une perte estimée à près de 5 000 emplois directs et indirects par rapport à la situation actuelle dont, bien évidemment, ceux de FedEx.

L’annonce que vous mentionnez ne fait que renforcer ce constat.

M. le Président. – La parole est à M. Bierin.

M. Bierin (Ecolo). – Merci, Monsieur le Ministre. D’une part, des informations plutôt rassurantes, a priori, pour les travailleurs de FedEx par rapport aux économies qui ont été annoncées. On sait par ailleurs, d’autre part, que des informations parfois alarmistes circulent, vous l’avez relayé ici.

Je continue à trouver particulier de prétendre qu’une augmentation de 39 000 à 50 000 mouvements pourrait entraîner des pertes massives d’emplois. Je n’ai pas l’impression que c’est le cas. Dans ce contexte, je ne voudrais pas que FedEx prenne prétexte du nouveau permis, quel qu’il soit, pour justifier une réduction de son activité sur Liège, alors que d’après ses annonces d’économie, ce ne serait dû, a priori, qu’à sa propre stratégie.

Je profite de cet échange, vu que vous avez également élargi le débat, pour souligner que l’aéroport de Maastricht, par exemple, vient de décider d’augmenter de 100 % les redevances attribuées aux 747 là où Liège prévoit une augmentation de 5 % la journée, maximum 30 la nuit ; ou encore souligner que Air Belgium fait voler ses A330 plus anciens à Liège et à Charleroi, et ses 747-8F ou ses A330neo à Zaventem, vu les différences de redevance. L’argument de la concurrence des aéroports voisins semble devoir être modéré. Leurs ambitions et leurs normes sont plus strictes qu’à Liège sans impact négatif sur leurs activités. Voilà qui peut nourrir les débats dans les semaines qui viennent.