Question d’actualité au Ministre Borsus
Le Soir de ce 8 novembre rapportait effectivement que l’entreprise Deltrian et plus spécifiquement son usine de production de masques, son unité liée à ces outils de protections sanitaires était en difficulté et faisait face à un dilemme, faisait face en tout cas à un choix entre soit arrêter ses activités avec toutes les conséquences que cela peut entraîner à la fois pour l’emploi, mais aussi pour tous les investisseurs et notamment, non des moindres, les pouvoirs publics wallons, soit poursuivre la production de matériel à haute valeur ajoutée en accentuant son partenariat, justement, avec les pouvoirs publics et en particulier le secteur de la santé, les hôpitaux et toutes celles et tous ceux qui ont besoin de ce matériel potentiel en cas de crise, en cas de pandémie.
Je me tourne aujourd’hui vers le Gouvernement et vers vous, Monsieur le Ministre Borsus, pour voir si ce partenariat est possible, quel dispositif de soutien la Région envisage pour l’entreprise pour ne pas perdre cette capacité de production de produits stratégiques et critiques en cas de nouvelle pandémie éventuelle, à l’heure où certains hôpitaux et certaines unités de soins doivent renouveler leur stock ?
Quels mécanismes peuvent-ils être activés à cet égard ?
Y a-t-il une stratégie potentielle de réorientation, voire de développement de nouveaux produits ou de nouvelles activités pour cette entreprise ?
C’est parfois le prix qui joue dans l’octroi des marchés publics et qui est un critère un peu trop prépondérant. Il y a beaucoup d’autres éléments qu’il serait utile de prendre en compte dans l’attribution de ce type de marché à l’avenir.
M. le Président. – La parole est à M. le Ministre Borsus.
M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences. – Madame et Monsieur les Députés, rappelons-nous, au plus fort de la crise covid, nous nous trouvions extrêmement démunis, avec des fournitures impossibles ou extrêmement difficiles à trouver pour doter d’équipements indispensables à la fois les professionnels de la santé, les hôpitaux et un certain nombre de nos concitoyens.
C’est dans ce contexte que, avec la ministre de la Santé, nous avons lancé une concertation avec les partenaires publics, nos administrations et les acteurs du secteur privé susceptibles de répondre rapidement à la création d’une unité de production de masques.
C’est ainsi que Deltrian, déjà spécialisé dans la filtration industrielle de cheminées, a été retenu de manière à constituer cette filiale. Ce n’est pas Deltrian qui est concerné, mais Deltrian Productive Equipment, la filiale que nous avons créée avec eux, via une intervention de la SRIW et la SOGEPA, concernant la production de masques.
La production a été déployée et, de surcroît, spécialisée avec des éléments qualitatifs importants puisque les masques produits par Deltrian sont complétés par un dispositif virucide et que la durée de validité des masques est de cinq ans, alors qu’elle est de trois ans en général pour les équipements, notamment au départ du marché chinois.
Nonobstant cette évolution, l’entreprise ainsi créée est confrontée à la difficulté d’une compétition où le seul critère est le prix. Nous sommes malheureusement, comme dans d’autres productions de masse, dans un cadre où nos coûts de production sont plus élevés et, dès lors, le prix supérieur.
C’est la raison pour laquelle il est important, notamment dans le cadre de marchés publics de constitution de stocks stratégiques, d’introduire un certain nombre de critères qualitatifs qui font droit aux évolutions que je viens de rappeler.
Les concertations sont en cours avec l’entreprise, la SRIW et la SOGEPA, car nous sommes confrontés à un choix de deux ordres.
Le premier élément serait de dire que nous avons rempli la mission qui, dans une situation d’urgence, était attendue de nous et que nous cessons cette activité. Ce n’est pas l’option que je privilégie puisque personne ne sait prévoir l’avenir, et nous nous priverions de capacités qui pourraient être, à l’avenir, indispensables, mais aussi de capacités de répondre à de futurs appels d’offres groupés, à des reconstitutions de stocks stratégiques et à d’autres éléments de cette nature.
La deuxième option est de nous inscrire dans cette volonté européenne d’être moins dépendants de l’international et de relocaliser chez nous, par rapport à des équipements stratégiques, notre capacité de continuer produire et donc les outils pour ce faire.
Nous étudions cette deuxième possibilité de manière à garder cette capacité chez nous et répondre aux demandes qui seraient formulées, adressées dans le strict respect des marchés publics, mais aussi répondre à des situations, quelles qu’elles soient, qui pourraient encore se produire à l’avenir.
Voilà l’état précis du dossier tel que je puis vous le décrire en ce début d’après-midi.