Question orale au Ministre Borsus

Monsieur le Ministre, cela fait de nombreux mois que les travailleurs de Liberty Steel vivent dans l’incertitude, suite à l’instabilité de la multinationale et aux difficultés avec son bras financier, Greensill.

En juillet, le groupe avait demandé l’aide du Gouvernement wallon, alors que Liberty Steel annonçait avoir trouvé un accord avec Greensill Bank pour disposer de facilités de crédits. On apprend par la presse que la structure pourrait vendre ses deux usines de Liège.

Vous nous aviez annoncé que le Gouvernement wallon entendait poursuivre ses efforts pour maintenir les emplois et identifier un repreneur. Or, ce vendredi 14 octobre, des travailleurs de l’usine ont bloqué l’expédition de lingots de zinc à la sortie de la ligne « Galva 4 ». Il s’agit là d’un maillon essentiel du procédé industriel qui disparaît ; le zinc en fusion qui servait à galvaniser les tôles a été pompé, puis refroidi pour être vendu.

Par ailleurs, le siège social est sur le point d’être cédé. Des rumeurs évoquent que le groupe Prayon serait acquéreur. Lundi 10 octobre, le commissaire aux comptes a déclaré, à l’occasion d’un conseil d’entreprise, que la société était une nouvelle fois confrontée à des fonds propres négatifs, que, de ce fait, elle ne satisfait plus, selon lui, aux conditions de la continuité des activités. Selon des informations reçues par la RTBF, un courrier a dès lors été adressé au tribunal de l’entreprise.

Concrètement, dans ce cadre, quels sont le plan de mise en œuvre et la stratégie du Gouvernement wallon pour avoir un repreneur avec un plan financier et industriel stable ?

Quelles mesures ont été prises, vu les dernières informations parues, pour protéger les 650 employés de Liberty Steel ?

Réponse du Ministre

Monsieur le Député, depuis le mois de septembre, nous avons, avec la SOGEPA, multiplié les rencontres. Nous avons eu des rencontres antérieurement, bien évidemment, mais depuis le mois de septembre, nous avons multiplié les rencontres, notamment avec Sanjeev Gupta lui-même, actionnaire de GFG Alliance, avec les différents responsables de Liberty Liège-Dudelange, avec les organisations syndicales, avec mon collègue luxembourgeois, M. Franz Fayot, et plus récemment, avec le mandataire de justice pour faire le point sur la situation, et ce, à plusieurs reprises.

De ces contacts, il résulte que la situation de Liberty est en effet très difficile, et qu’il est urgent de trouver un nouvel acteur industriel pour Liberty Liège et Liberty Dudelange, afin d’assurer des perspectives d’avenir durable à ces usines et aux personnes qui y travaillent ou qui y ont travaillé.

À la suite de la dernière réunion avec ces différents interlocuteurs, la SOGEPA a, comme convenu, transmis une liste de banques d’affaires disponibles et expérimentées pour accompagner cette cession.

Les délégations syndicales, à travers le mandataire de justice, ont transmis à Liberty leurs revendications en vue d’élaborer une feuille de route dans le cadre d’un éventuel processus de vente.

La SOGEPA ne pouvant logiquement pas être considérée comme remplissant un rôle de repreneur industriel nécessaire pour les usines, elle est cependant évidemment prête à soutenir, à construire un processus et être disponible pour discuter avec un candidat repreneur industriel si ce candidat est intéressé par un partenariat avec la SOGEPA ; partenariat qui doit être basé sur un projet à l’évidence crédible et durable.

Le processus de vente pour identifier un acheteur industriel devra être compétitif. Il devra aussi être transparent et mener par cette banque d’affaires que je viens de mentionner ou une des banques d’affaires identifiées.

Bien que le mandat doive être donné formellement à la banque d’affaires par Liberty en tant que propriétaire, la SOGEPA est disponible pour s’impliquer et accompagner le processus de vente. Les informations que vous avez relayées, qui ont été diffusées concernant l’action du mandataire de justice, correspondent à la réalité. Par ailleurs, nous continuons à travailler avec la SOGEPA, les délégations syndicales, les responsables de Liberty, le mandataire, pour tenter de pérenniser l’activité et l’emploi.

Dans ce contexte, la SOGEPA a signé un NDA – non-disclosure Agreement – avec Liberty, de manière à avoir accès à toutes les données, en vue de préparer l’éventuel processus de vente souhaité. La SOGEPA est tenue, et moi-même dans la foulée, par cet accord de confidentialité.

Néanmoins, comme vous l’avez évoqué, la situation en termes de trésorerie, de disponibilité est très tendue. Suivant les hypothèses d’étapes ultérieures, la préservation des droits des travailleurs est une préoccupation prioritaire chez moi – je voudrais aussi saluer l’action du mandataire à cet égard -, raison pour laquelle nous souhaitons agir avec la plus grande attention et précaution.

D’autre part, lorsqu’il y a réalisation d’actifs, vous avez raison en ce qui concerne le centre acier, la cession doit aussi s’exercer dans un cadre et avec maintien des sommes à l’intérieur du groupe qui permettent d’assumer les situations, les droits, les droits sociaux des travailleurs.

Il faut que vous nous laissiez encore quelques jours pour faire un point plus circonstancié. Je vous invite, si vous le souhaitez, à revenir vers moi dès que ces quelques jours sont écoulés.

Mme la Présidente. – La parole est à M. Bierin.

M. Bierin (Ecolo). – Je remercie M. le Ministre pour ces différentes informations et pour sa mobilisation sur le dossier. On reviendra vers vous quand ces différentes échéances auront abouti.

Plus globalement, je l’ai déjà dit, mais il faut se pencher sur les règles européennes de lutte contre les concentrations d’activités qui doivent être remises en question dans leur mise en œuvre. Elles ont imposé à Arcelor Mittal de vendre ses lignes. Malgré ce qu’on peut reprocher à ArcelorMittal, par ailleurs, c’est un opérateur qui n’a pas forcément très bonne presse dans le bassin liégeois, mais c’était tout de même un opérateur industriel plus fiable et plus solide que Liberty Steel.