Question orale au Ministre Dolimont

Monsieur le Ministre, ce dimanche 25 septembre 2022, une manifestation a rassemblé plus de 2 000 personnes à Liège contre l’extension de Liege Airport. Les organisateurs réclament un moratoire sur le développement de l’aéroport, une étude d’incidence plus complète et une étude sur les alternatives économiques à développer.

Avez-vous rencontré les collectifs ou certains collectifs à l’origine de cette manifestation ?

Dans le contexte de la crise énergétique et climatique, avez-vous agi afin de discuter avec l’aéroport de ses ambitions, qui vont à l’encontre de nos objectifs climatiques et d’une nécessaire réduction de la consommation vu la tension sur les marchés ?

En parallèle, les Liégeoises et les Liégeois sont de plus en plus dérangés par le bruit des avions, de jour comme de nuit. Certains d’entre eux l’ont fait savoir sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. Je me tourne vers vous pour objectiver cette situation.

Les dépassements de niveau de bruit se sont-ils multipliés ces dernières semaines ?

De manière générale, quelles actions avez-vous entreprises afin de mettre en œuvre les recommandations du groupe de travail qui visait à évaluer le dispositif de sanction et à réduire les nuisances ?

Réponse du Ministre

Monsieur le Député, j’ai pris connaissance par la presse des revendications émises lors de la manifestation du 25 septembre dernier. Je m’en tiendrai aussi à mes propos en réponse à une question du député Witsel, lors de notre dernière commission.

La conciliation entre le développement de pôles économiques majeurs et générateurs d’emplois, tels que les aéroports wallons, la protection du bien-être des riverains et les enjeux de durabilité est – vous en conviendrez – un exercice complexe, mais nécessaire. Cela étant, il ne vous aura pas échappé qu’une procédure de renouvellement de permis de l’aéroport est en cours et qu’il m’appartient de garder, comme pour l’ensemble des partenaires du Gouvernement, toutes les réserves d’usage dans ce cadre.

Je relève toutefois que votre question n’aborde pas la question de l’emploi. Je me permets de vous la retourner.

Vous avez rencontré les collectifs à l’origine de la manifestation afin de prendre connaissance de leurs solutions visant à pallier les pertes d’emplois résultant des restrictions éventuelles liées au nouveau permis. Pour rappel, plus de 10 000 emplois sont concernés par les activités de Liege Airport aujourd’hui. Et plus de 80 % de ces emplois profitent à des citoyens de la Province de Liège.

Concernant les plaintes, depuis 2004, 16 sonomètres installés aux abords de l’aéroport de Liège objectivent le bruit en mesurant 24 heures sur 24 le niveau sonore au sein des zones de bruit. Pour faire preuve de totale transparence, ces mesures sont accessibles en direct via l’application de la SOWAER.

Si des Liégeois se disent de plus en plus gênés par les nuisances, la Ville de Liège peut introduire une demande auprès de la SOWAER afin d’objectiver cette situation.

Concernant les dépassements, on constate un nombre plus important pour le mois de septembre 2022 par rapport aux trois autres mois de septembre 2019. C’est également le mois le plus important depuis mars 2022. Ces dépassements sont dus à l’utilisation importante de la piste en sens inversé.

Les dépassements sont liés aux mouvements de Boeing 747 nocturnes, qui ont des destinations lointaines. Ils sont dès lors plus lourds et prennent moins vite de l’altitude.

Les niveaux diurnes étant, sauf exception, bien respectés par ces Boeing 747-400.

La nouvelle politique de tarification arrêtée par Liege Airport devrait permettre de réduire le nombre de vols bruyants nocturnes. Tel est bien son objectif.

À ce jour, 1 961 plaintes ont été enregistrées contre 1 921 plaintes pour l’année 2021. La procédure de renouvellement du permis en cours n’est certainement pas étrangère à cet élément.

Enfin, la Wallonie n’a pas attendu le renouvellement du permis pour prendre une série d’initiatives concrètes en matière d’environnement et de protection des riverains. Je vous renvoie aux nombreuses questions parlementaires qui ont déjà été traitées sur le sujet.

Je conclurai en affirmant que nous ne pouvons agir par dogmatisme dans ce dossier et qu’il conviendra que chaque décision prise le soit de manière objectivée et dans le souci de préserver les intérêts de la Wallonie, et ce, bien évidemment, dans toutes ses dimensions.

Réplique

Merci, Monsieur le Ministre, pour ces éléments de réponse.

Concernant l’emploi, soulignons que les collectifs en question défendent un moratoire sur le développement et pas une réduction des emplois liés à l’aéroport. Néanmoins, leurs demandes portent aussi sur l’étude d’alternatives pour un développement économique plus durable, ce qui ne dépend évidemment pas que de vous, mais qui est une responsabilité de l’ensemble du Gouvernement. Il me semble effectivement pertinent de se tourner à l’avenir vers des secteurs qui ne dépendent pas, ou en tout cas beaucoup moins, des énergies fossiles et qui soutiennent une création de plus-value locale, moins dépendante d’entreprises multinationales et de produits low cost.

Cela étant, j’entends les éléments concrets et objectifs par rapport aux plaintes et aux décollages en sens inversé, qui répondent, du moins en partie, à certaines interrogations de ces dernières semaines de la part de Liégeoises et de Liégeois, au sens large. Je ne manquerai pas de les leur relayer.