Monsieur le Ministre, nous avions déjà eu l’occasion d’échanger au sujet des prises de position publiques de la filiale américaine du groupe Herstal, lorsque celle-ci avait affiché son soutien au candidat Trump lors de la campagne présidentielle américaine à l’automne 2020.À cette occasion, vous annonciez vouloir imposer à cette filiale de ne plus agir de la sorte, par une adaptation de son code de conduite, et que, de manière
générale, toute filiale étrangère d’une entreprise détenue par la Région devrait éviter de se positionner politiquement.
À l’occasion du 4 juillet, la fête nationale américaine, la FN America a publié sur Twitter une vidéo montrant des personnes déguisées en caricatures de symboles des États-Unis s’amuser avec des armes de guerre en tirant sur des fûts d’explosifs et un amas de feux d’artifice. Il semble inacceptable qu’une entreprise, enparticulier lorsqu’elle est détenue à 100 % par la Région wallonne, puisse diffuser une propagande pro-armes de
ce type, sans considération pour le sérieux et la prudence nécessaires au maniement d’armes à feu, ni pour les victimes des nombreuses fusillades qui ponctuent dramatiquement l’actualité aux États-Unis, dont une pas plus tard que ce 4 juillet.
Avez-vous veillé à l’adaptation de ce code de conduite telle que vous l’aviez annoncée ? A-t-elle été mise en œuvre ? Dans l’affirmative, a-t-il été appliqué ? Le cas échéant, ne devrait-il pas être adapté ? Comment expliquer qu’une telle publicité puisse être portée indirectement par la Wallonie, via une filiale de l’entreprise dont elle est actionnaire unique ? Le CEO du groupe a réagi très rapidement, en exigeant le retrait de la vidéo, et l’on peut saluer cette action. Vous avez vous-même pris publiquement position en indiquant que cette vidéo était inacceptable.
C’est positif, évidemment, d’avoir réagi de la sorte. Néanmoins, il conviendrait de fixer des balises plus générales pour ne pas devoir réagir au cas par cas dans l’avenir et en tout cas s’assurer que cela ne se reproduise plus. Je me tourne donc aujourd’hui vers vous pour m’enquérir des actions que vous avez entreprises afin d’imposer à cette entreprise de ne plus agir de la sorte.
Réponse du Ministre Borsus :
Il s’agit alors d’un autre sujet. Le code de conduite auquel vous faites référence concernait la question du soutien des entreprises américaines à des candidats lors d’élections. Ce sont donc deux sujets distincts et je me permets de souligner la différence entre ceux-ci. Je profite d’ailleurs de l’occasion, non pas par un narcissisme déplacé, mais pour rappeler les propos de l’époque et je me permets de citer une partie de ma réponde de 2020 au questionnement qui m’était, à l’époque, adressé, où je répondais ceci : « On peut comprendre que cette méthode et que ces approches puissent soulever, de notre point de vue belge, un
certain nombre de questions, mais aussi de remarques. Cependant, il ne faut pas surestimer ce genre d’initiative qui ne parle, en fait, qu’à des convaincus et l’on sait que
le second amendement déchaîne les passions aux États- Unis. Il n’empêche que je trouve cela peu opportun. J’ai donc demandé au président du conseil et à la SRIW en qualité d’actionnaire de prendre les mesures nécessaires pour que ce genre de fait ne se reproduise plus ». On parlait alors du positionnement par rapport à des candidats aux élections américaines. Votre interrogation plus récente concernait cette fameuse publicité datée et postée en tout cas le 4 juillet à destination du marché américain pour « célébrer » la fête nationale des États-Unis et votre réaction est, de mon point de vue, totalement justifiée. J’ai été moi-même interpellé par cette publicité, même si j’ai aussi souhaité souligner que, dans le contexte actuel – et vous avez rappelé les événements dramatiques survenus aux États-Unis – et ce type de circonstances, ce type de publicité était totalement inopportun, me semble-t-il. Je soulignais aussi qu’il y a une différence culturelle en ce qui concerne les États-Unis, la perception des Américains par rapport à ce type de publicité et la perception qui peut être la nôtre.